Alina Schiau engage une réflexion picturale sur les seuils de perception.
Déployant une abstraction sensible, elle convoque la couleur et la forme comme agents de révélation — non de ce qui se voit, mais de ce qui affleure. Sa peinture ne cherche pas à représenter le monde, mais à le transfigurer dans un langage visuel affranchi des certitudes.
Ici, l’œuvre advient dans l’intervalle : entre saturation et effacement, entre densité chromatique et silences formels. La surface devient un lieu de tension, de vibration, de résonance. Par couches successives, par recouvrements partiels, l’artiste compose un espace instable où le visible naît souvent de ce qui a été dissimulé. Ce n’est pas la composition qui structure l’espace, mais le rythme intérieur des masses colorées, leur
respiration propre, leur capacité à faire surgir l’invisible.
Le regard est invité à se défaire de tout schème interprétatif. L’expérience est d’abord sensorielle, presque physiologique, puis progressivement introspective. En suspendant les évidences, en perturbant les repères, Alina Schiau ouvre une voie vers une autre forme de présence - fragmentaire, mouvante, paradoxale.
Spectra n’est pas un manifeste.
C’est une expérimentation, une initiative poétique qui modèle l’indicible : la persistance lumineuse de ce qui crie en silence.
Lucie Braconnier
Galeriste et curratrice
2025