Époustouflant. L'ombre de Mark Rothko ressuscitée. Les toiles de la jeune peintre Alina Schiau le murmurent à demi-mot — et plus clairement encore, pour qui sait regarder. Allongées, étirées en larges bandes très colorées, déployées à l'état brut, les dernières œuvres de cette artiste née en Roumanie suscitent bien des questionnements.
Pourquoi ce mélange si astucieusement harmonieux d'ingrédients ? Pour créer une unité de lecture à la fois âpre et déroutante.
Rothko appartenait à cette quête absolue du ton parfait. C'est pour cela qu'il est allé aussi loin — jusqu'au suicide — pour étancher sa « soif de beauté » dans un univers de silence et d'unité. Il fut, comme dans la chapelle « contemplative » de la fondation De Menil à Houston, le grand auteur de sa propre partition colorée et univore.
Alina Schiau (prononcez Skiaou) y parvient autrement : en multipliant sa manière-matière, seule, comme une forcenée, enfin libérée de l'ère Ceausescu.
Lucie Braconnier (galerie Partage, Sofitel-Lyon) a — encore une fois — misé juste.
Bernard Gouttenoire
Critique d'art
2025